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Antonie Pannekoek Archives

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War Van Overstraeten as young revolutionary in the 1920s
Source: Archief wijlen Juliette Van Overstraeten-Deckers,  Breuk en continuïteit in doen en denken : Het geval War Van Overstraeten / Vincent Scheltens, 2010.


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Edouard Van Overstraeten (tout à gauche), en marge du IIe congrès du Komintern à Moscou, le 12 août 1920. Il s’agit d’une session du Bureau international du Proletkult. Van Overstraeten était le seul délégué belge participant à ce Congrès. Sur la photo, on distingue à droite de Van Overstraeten : les Russes Pavel Lebedev-Polyanski (1881-1948), fonctionnaire bolchevik, éditeur de la revue Proletarskaya Kul’tura, et Anatoli Lounatcharsky (1875-1933) –[au milieu], l’Italien Nicola Bombacci (1879-1945) [2e à partir de la droite] – qui virera au fascisme dans les années 30 – et l’écrivain allemand, membre de l’u.s.p.d., puis du k.p.d. (jusqu’à son exclusion en 1928), Wilhelm Herzog (1884-1960). Debout, de gauche à droite : les Suisses Walther Bringolf (1895-1981) et Jules Humbert-Droz (1891-1971), en blouse russe et portant la barbe (Photo : Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique / Archives de l’art contemporain en Belgique, n° 36599), Proletarskaya Kul’tura. (Пролетарская культура), n° 17-19, août-décembre 1920. [Autre source : Wikimedia Commons ] (Comments by Ph.B.).


War Van Overstraeten
Source:  War Van Overstraeten / door Urbain Van De Voorde. – Antwerpen : De Sikkel (voor het Ministerie van Openbaar Onderwijs), [1955]. – 16 p. [+ illustraties] – (Monografieën over Belgische kunst).
Source: a.a.a.p


Que veut l’Opposition du parti bolchevik russe ? Que veut le groupe d’opposition du Parti communiste de Belgique ? / War Van Overstraeten, 2022 (1928)


Source : Wat wil de oppositie der Russische bolsjewistische Partij? Wat wil de Oppositiegroep der Kommunistische Partij in België?  / War Van Overstraeten. Edition (en néerlandais) du groupe d’opposition du p.c.b., Uccle (Bruxelles), sans date (mars ou avril 1928), 32 p. – Transcription : Adrien Verlee, première traduction du néerlandais au français, édition et notes : Philippe Bourrinet, février 2022.


Introduction

Chaque fois que de profondes luttes internes minent le mouvement ouvrier, la bourgeoisie s’écrie : « effondrement mortel ! » pour mieux proclamer son propre triomphe.

Comment pourrait-elle comprendre, elle dont le rôle dans l’histoire touche à sa fin, que ces bouleversements sont les signes mêmes de la viabilité indiscutable de la révolution prolétarienne ?

La révolution prolétarienne, disait Marx, ne renonce jamais à aiguiser sa propre critique. La révolution prolétarienne est irréconciliable avec ses propres faiblesses et imperfections. Elle est dure et sévère pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, lui barrent le chemin. Cette lutte interne ne la désarme en rien face à l’ennemi. Au contraire, elle garantit, après chacun de ces affaiblissements, à la révolution prolétarienne, un nouveau déploiement de ses forces. Souvent, plus ces luttes internes ont été féroces et sévères, plus le développement de ces forces gagne en vigueur.

Lorsque Marx et Engels, dans leur Manifeste et dans leurs œuvres, firent connaître au prolétariat conscient son propre cours historique, ils ont en même temps donné les éléments d’une autocritique qui ne doit jamais cesser d’exister au sein du mouvement ouvrier, autocritique sans laquelle il est menacé de tendance à la dégénérescence et au déclin. Marx et Engels ont déclaré une guerre sans merci au socialisme petit-bourgeois, à toutes ses utopies et à ses lubies humanistes, contrefaçons des idées bourgeoises les plus trompeuses.

Prendre part à l’ensemble de la lutte contre le capitalisme et en balayer sans cesse tous les déchets – pour ainsi dire – des idées et des éléments provenant de ses ennemis eux-mêmes, telle est la double loi prescrite précisément par Marx et Engels au révolutionnaire prolétarien.

Lorsque la Commune de Paris fut vaincue, Marx n’a pas seulement écrit une magnifique glorification d’un soulèvement héroïque. Il a également souligné avec une persistance amère les notions erronées et désastreuses que la Commune avait mises en pratique.

Par la suite, l’œuvre entière de Lénine a été marquée par cet esprit intransigeant de guerre contre tout élément de corruption de la vie interne du mouvement ouvrier. Si le Parti bolchevik n’avait pas été imprégné jusqu’à la moelle par ce marxisme, l’énorme engagement de 1917 aurait échoué. Il est même probable qu’il n’aurait jamais été mené à terme.

La IIe Internationale est devenue une Église libérale, entièrement soumise au capitalisme; la révolution prolétarienne a dû y mener une lutte plus dure, plus opiniâtre, plus profonde, plus irréconciliable. La révolution prolétarienne a trouvé en Allemagne, pour la représenter, le génie de Rosa Luxemburg. En France, elle s’est frayé son chemin dans les tentatives du syndicalisme révolutionnaire. En Hollande, elle avait des défenseurs profonds et clairs en Gorter et Pannekoek. Ailleurs, elle a trouvé des soutiens plus faibles, mais courageux et tenaces.

La guerre a révélé les ravages de l’opportunisme. Ils étaient si profonds et si décisifs que les marxistes ont dû non seulement lutter en ordre dispersé dans la IIe Internationale elle-même, mais ont été obligés de substituer un nouveau centre international de commandement et d’orientation du mouvement révolutionnaire. Les bolcheviks, Lénine en tête, ont joué un rôle majeur dans la création de ce nouvel organisme, avant et après octobre 1917. La Révolution d’Octobre a fixé les yeux ardents des révolutionnaires du monde entier sur le Parti de Lénine.

Les révolutionnaires voulaient percer les secrets de ce pouvoir. En 1919, à Leningrad, certains des meilleurs auxiliaires de la révolution prolétarienne ont fondé, avec les bolcheviks russes, l’Internationale communiste, dans l’espoir qu’elle devienne le guide prudent et incorruptible de la lutte mondiale contre le capitalisme. Pendant plusieurs années, Lénine, Trotsky et d’autres grands révolutionnaires donnèrent le meilleur d’eux-mêmes. Les travailleurs pouvaient croire que l’Internationale communiste remplirait sa mission.

Ils pouvaient espérer qu’en s’appropriant le noyau dur du bolchevisme, ils parviendraient à présenter aux ouvriers des autres pays non seulement la copie fidèle des exemples de la révolution russe, mais aussi leur adaptation aux conditions les plus différentes de la lutte révolutionnaire.

Et maintenant, l’Internationale existe depuis moins de dix ans et déjà elle est incapable, en raison de son état interne, de remplir ses tâches. Mais déjà, l’organisation, qui s’est édifiée à partir des matériaux produits dans les luttes les plus intenses et les plus étendues jamais menées par le prolétariat, est en train de se fracturer.

Les meilleurs de ses éléments sont en révolte ouverte contre sa direction, la faisant connaître comme un nouveau danger opportuniste dans les rangs du prolétariat international. Une fois de plus, la révolution prolétarienne exprime sa critique sévère, implacable contre ceux qui étaient les meilleurs hier encore. L’avant-garde révolutionnaire mondiale a été déchirée par les plus âpres conflits internes.

Que se passe-t-il ? Où se diriger ? La bourgeoisie a-t-elle raison de se réjouir ? La social-démocratie a-t-elle raison de se frotter les mains ?

Ou bien le nouveau drame qui secoue actuellement les rangs du prolétariat est-il le signe d’un rebond vers plus de conscience, de puissance et d’élan ? Ce sont les questions que se pose tout travailleur qui suit l’activité de l’Internationale communiste.

La phase actuelle du capitalisme et l’Internationale communiste

Le parti bolchevik a pris le pouvoir au cours de la plus puissante vague révolutionnaire que le monde ait jamais connue. Il a pensé pendant plusieurs années que cette vague serait le signal de la prise de pouvoir par les travailleurs dans d’autres pays. Cette perspective et cet espoir ne se sont pas du tout concrétisés. Il est vrai que la lutte prolétarienne a ébranlé le régime capitaliste dans toute l’Europe, notamment en Hongrie, dans les Balkans, en Allemagne de 1918 à 1923. La grève générale anglaise de  ;1926 marque une autre formidable montée de la vague révolutionnaire. C’était une indication claire des contradictions de plus en plus profondes et mortelles dont souffre le régime capitaliste. Mais nulle part il n’a subi une défaite totale et n’a été remplacé par un pouvoir prolétarien.

D’autre part, au cours de ces dernières années, l’impérialisme mondial s’est concentré sur le formidable mouvement révolutionnaire en Chine. Il était du devoir de l’avant-garde révolutionnaire mondiale de soutenir ce mouvement de toutes ses forces, de l’approfondir et de l’élargir constamment. Mais en partie à cause des conditions objectives, et aussi en partie à cause des grandes erreurs commises par la direction de l’Internationale communiste, le prolétariat chinois, uni aux paysans pauvres, n’a pas réussi à retirer son pouvoir à la classe dirigeante. Bien que la révolution, de son côté, fraye sa route et augmente ses forces en vue d’une éruption plus puissante, les classes bourgeoises sont actuellement en mesure de favoriser les plans de l’impérialisme dans l’immense pays de l’Extrême-Orient.

Tout cela, néanmoins, ne signifie point que la bourgeoisie, en dépit de certains symptômes, a réussi à restaurer de façon décisive son pouvoir. Au cours de la formidable lutte contre le prolétariat, dans laquelle la dernière crise de l’impérialisme l’a entraînée, elle peut encore remporter quelques victoires partielles, quelques éphémères succès économiques. Néanmoins, elle n’échappe pas à la dissolution profonde dont la formation des trusts et des monopoles les plus puissants de notre époque est elle-même la caractéristique principale.

Le fait, dit Lénine, que la bourgeoisie impérialiste ne soit encore qu’une vivante putréfaction n’empêche nullement le capitalisme de se développer avec une rapidité extraordinaire dans certaines branches d’industrie, dans certains pays, à certaines époques.

Le bourbier, la stagnation du capitalisme, se caractérise aussi par le fait qu’il se forme une énorme catégorie de rentiers, de capitalistes vivant de leurs obligations.

Au bord de l’abîme qui se précise sous le capitalisme, des succès immédiats mais non durables n’empêcheront pas son effondrement rapide dans les méandres de la corruption, de l’extorsion et d’une spéculation sans précédent.

Au cours de la période que nous vivons et que nous avons décrite ci-dessus, l’i.c. a eu la double tâche de :

1. Maintenir le Parti bolchevik russe sur un terrain de stricte défense du pouvoir prolétarien, malgré d’inévitables et nécessaires concessions;

2. Préparer (en rapport avec cette première tâche) dans les différentes sections de l’Internationale communiste, selon les circonstances et les conditions souvent très différentes d’un pays à l’autre, l’accomplissement de leur mission historique d’avant-garde prolétarienne.

L’accomplissement de cette double tâche est aujourd’hui terriblement menacé. Examinons les causes les plus singulières de cet affaiblissement.

Le Parti communiste russe et l’Internationale communiste

Après la révolution d’octobre, le Parti communiste russe a dû acquérir une influence dans l’Internationale communiste qui n’avait d’égale que celle des autres.

Le Parti bolchevik a été renforcé par une expérience sans équivalent. Il s’est endurci dans le feu de trois révolutions. Il était dirigé par un génie. Dans sa direction, il a combiné des connaissances politiques indéniables, le plus pur héroïsme et une loyauté sans égale envers la révolution.

Ce parti croyait, à juste titre, qu’il pouvait non seulement mener à bien la révolution prolétarienne en Russie, mais aussi donner une puissante impulsion au mouvement révolutionnaire du monde entier. Les efforts qu’il a déployés pendant plusieurs années laissent présager l’accomplissement de cette double tâche. Lénine l’a non seulement menée victorieusement au cours d’une guerre civile pleine d’aléas et de difficultés imprévues, mais il a également introduit la Nouvelle Politique Économique par une manœuvre audacieuse, que seul un parti d’une force de cohésion exceptionnelle pouvait mener à bien.

Pendant ce temps, le Parti bolchevik s’efforçait de renforcer l’Internationale communiste, de guider ses premiers pas et de la relever de ses échecs. Cependant, tout l’énorme prestige du Parti bolchevik et toute son expérience, dans des circonstances particulières, ne pouvaient satisfaire la direction de l’organisation de l’avant-garde révolutionnaire du monde entier.

Ce que Trotsky a exprimé dans son Cours nouveau (1) pour le Parti communiste russe était encore plus applicable à l’ensemble de l’Internationale :

« Le Parti ne peut vivre uniquement sur les réserves du passé. Il suffit que le passé ait préparé le présent. Mais il faut que le présent soit idéologiquement et pratiquement à la hauteur du passé pour préparer l’avenir. [La tâche du présent est de déplacer le centre de l’activité vers la base] » (2).

Tout le discours de Lénine au IVe congrès de l’Internationale communiste, et le dernier d’ailleurs, qui parlait de l’état interne de l’Internationale communiste, n’était qu’une approbation de cette même idée du début à la fin. Il a exhorté avec une force singulière l’Internationale communiste à rester flexible, à échapper à toute rigidité dans ses orientations et à continuer à trouver sa substance idéologique dans les expériences de la lutte ouvrière à travers le monde.

Le déclin actuel de la révolution mondiale, la désorganisation, le tâtonnement dans l’obscurité, le découragement et la dispersion des forces qu’il engendre dans le mouvement prolétarien international, ainsi que les nouvelles difficultés qu’il crée en Russie, rendent particulièrement difficile l’application des conseils de Lénine.

En Russie même, le Parti bolchevik, sur lequel pèse une énorme responsabilité, a commencé, au cours de ces dernières années, sous la pression des éléments néo-capitalistes de la campagne et de la ville – et en proie aux intrigues d’une bureaucratie détachée des couches ouvrières – à se débarrasser de son aile gauche, qui représentait la garantie la plus solide pour le maintien de la dictature prolétarienne. Le Parti n’a pu échapper aux dangereuses déformations de l’État ouvrier et paysan auxquelles il était exposé.

Le Parti bolchevik a mécaniquement et criminellement transplanté ses schismes et ses divisions dans toute l’Internationale. Sa majorité stalinienne utilise toute son énorme puissance matérielle pour imposer ses vues et sa volonté, sans le moindre égard pour les conséquences désastreuses d’une telle attitude dans les rangs des différentes sections de l’Internationale communiste.

Le comportement des staliniens russes crée un champ d’action extrêmement favorable aux éléments aventuriers et opportunistes, sans scrupules et sans conviction, qui, sous le couvert de formules « de gauche », vides de contenu, sans aucune relation avec les faits et les perspectives réelles, peuvent accabler de fausses accusations, de calomnies et d’insultes les éléments les plus tenaces et les plus perspicaces du mouvement communiste international.

Ainsi, les staliniens veulent profiter du prestige passé acquis par le Parti bolchevik pour réduire à néant l’avant-garde authentiquement révolutionnaire qui surgit à l’époque actuelle, non seulement en Russie mais aussi dans les autres pays.

L’Opposition au sein du Parti communiste russe

La falsification des points de vue de l’Opposition russe par les staliniens de tous bords est l’un des plus gros scandales du mouvement ouvrier actuel.

Dans la lettre de Trotsky adressée à l’Institut historique du Parti russe (3), devenue célèbre depuis, le grand banni de Verny [Almaty, Kazakhstan] expose avec une force irrésistible l’organisation spéciale qui a été créée pour discréditer et isoler l’Opposition au moyen d’imputations, de faux documents et de mensonges. Cependant, dans la plate-forme que l’Opposition a élaborée pour le XVe Congrès du Parti russe, elle s’est déclarée, exposant ce qu’elle avait à dire avec une clarté absolue et sans la moindre démagogie. Que dit-elle sur le terrain des différences qui la séparent des staliniens ? Au dernier congrès du Parti auquel Lénine a assisté, dit-elle, il s’est exprimé ainsi dans son discours :

« Nous avons vécu une année, l’État est entre nos mains ; eh bien, sur le plan de la nouvelle politique économique, a-t-il fonctionné comme nous l’entendions ? Non. Nous ne voulons pas l’avouer : l’État n’a pas fonctionné comme nous l’entendions. Et comment a-t-il fonctionné ? La voiture n’obéit pas : un homme est bien assis au volant, qui semble la diriger, mais la voiture ne roule pas dans la direction voulue ; elle va où la pousse une autre force – force illégale, force illicite, force venant d’on ne sait où –, où la poussent les spéculateurs, ou peut-être les capitalistes privés, ou peut-être les uns et les autres, – mais la voiture ne roule pas tout à fait, et, bien souvent, pas du tout comme se l’imagine celui qui est au volant » (4).

Depuis que Lénine a lancé cet avertissement, beaucoup de choses se sont améliorées chez nous, mais beaucoup se sont également détériorées. L’influence de l’appareil d’État s’est accrue, et avec elle la dégénérescence bureaucratique de l’État ouvrier. La croissance absolue et relative du capitalisme dans les campagnes et sa croissance absolue dans les villes commencent à faire prendre conscience de leur pouvoir politique aux éléments bourgeois de notre pays. Ces éléments ne tentent pas toujours sans succès de décourager ne serait-ce qu’une partie des communistes avec lesquels ils sont en contact, que ce soit au travail ou dans la vie quotidienne.


Il est tout aussi absurde de dire que nous accusons telle ou telle fraction du Parti ou du Comité central de trahir la révolution, de trahir les intérêts du prolétariat. Une ligne politique erronée peut être inspirée par un souci sincère des intérêts de la classe ouvrière. Les plus brillants représentants de l’aile droite de notre Parti sont convaincus que l’accord qu’ils sont prêts à conclure avec les éléments bourgeois est nécessaire aux intérêts des ouvriers et des paysans, qu’il représente une de ces manœuvres que Lénine considérait comme parfaitement admissibles. Même le groupe de droite qui représente une dérive ouverte de déviation rejette l’idée d’un Thermidor.

Qui pourrait reconnaître dans ces réflexions, formulées après une analyse approfondie des faits et du rapport de force en Russie, le langage que la majorité attribue à l’Opposition dans ses journaux et ses discours ?

En Russie, l’Opposition a exigé un certain nombre de mesures qui assureraient en même temps la poursuite de l’édification du socialisme et l’application stricte de la dictature du prolétariat.

Afin d’écarter tout révisionnisme de la pratique de notre idéologie révolutionnaire, l’Opposition a commencé par s’opposer à la nouvelle théorie stalinienne de la construction du socialisme. En effet, Staline et ses disciples proclament que l’achèvement de cette construction ne nécessite pas du tout la prise du pouvoir par les travailleurs dans d’autres pays. Il suffirait qu’ils empêchent la guerre contre la Russie et la restauration de l’ancien régime.

Cette vision témoigne d’une appréhension nationale indéniablement étroite. Elle menace de créer la plus dangereuse confusion quant à la détermination des mots d’ordre de la révolution mondiale.

L’Opposition a contesté ce point de vue, ne voulant pas abandonner une tradition marxiste saine et vivante. Elle a démontré la nécessité d’étendre la révolution aux autres pays, pour l’organisation décisive de la production socialiste, sans diminuer le moins du monde le rôle gigantesque de l’Union soviétique. Elle a ainsi préservé en toute clarté les principales tâches du prolétariat international.

Quelles étaient les raisons de cet étroit point de vue national de la bureaucratie soviétique dirigée par Staline ? Elles doivent être recherchées, en partie, dans la méconnaissance de la signification des grandes victoires remportées au cours des dernières années dans les domaines économique, social et culturel.

Ces victoires n’ont pas seulement rempli de joie la bureaucratie soviétique. Elles l’ont rendue à moitié ivre et, comme cela arrive toujours dans l’histoire de l’opportunisme, elle a pris les succès immédiats, précisément parce qu’elle en a profité généreusement, pour les garanties d’un succès décisif.

Staline, au XVe Congrès, a souligné les dangers d’un futile optimisme bureaucratique. Malheureusement, il s’en est fait le théoricien et le fourrier. Ses remarques n’ont donc pas pu réformer le moins du monde la mentalité d’une bureaucratie plus étroitement concentrée sur les affaires particulières et locales, et qui a perdu toute capacité à englober l’ensemble du travail soviétique initié.

Faut-il s’étonner que le Parti communiste russe, dominé par cette bureaucratie, aveuglé par la puissance des succès obtenus, n’ait pas vu, à partir de ce moment-là, avec le sens nécessaire de la réalité, les dangers qui se présentent de l’autre côté, de façon ouverte ou cachée, sur la voie de la dictature prolétarienne et du socialisme ? Quels sont ces dangers ?

Il y a tout d’abord le pouvoir économique engrangé par le paysan riche au cours de ces dernières années, l’achat de terres et de moyens de production. L’esprit offensif de ce koulak contre la dictature du prolétariat s’est intensifié. Il tente de plus en plus de se débarrasser des obstacles que la dictature oppose à l’extension de son pouvoir. Ainsi, il milite pour l’abolition du monopole d’État sur le commerce extérieur. Il essaie d’exporter ses propres céréales et autres produits, et d’acheter des produits manufacturés sur le marché étranger comme bon lui semble.

Au village, le koulak tente de placer sous sa coupe les paysans moyens et pauvres, de les prendre en remorque, d’en tirer profit.

Il tente d’exploiter toujours plus les ouvriers agricoles. Au fur et à mesure qu’il se renforce économiquement, il exerce une plus grande pression sur la bureaucratie soviétique, s’engage par mille ruses à corrompre les fonctionnaires, et parvient à exercer son bon vouloir sur la marche de l’État.

Personne n’a jamais prétendu que la révolution avait apporté le socialisme intégral dans les campagnes. Loin de là. Mais on espérait qu’avec l’aide de l’électrification, avec une amélioration technique régulière, avec une culture en commun des terres et avec la coopération, on y parviendrait peu à peu.

Une telle période de transition n’a pas du tout exclu la lutte des classes dans les campagnes. Dans son célèbre opuscule L’Impôt en nature (5), écrit pour expliquer la n.e.p. (Nouvelle politique économique) et qui est en même temps l’un de ses chefs-d’œuvre, Lénine, avec la fermeté qui caractérisait toute sa personnalité, soulignait que pendant toute cette période, la lutte entre les éléments capitalistes et socialistes dans les campagnes se poursuivrait, parfois même avec la plus grande intensité.

Parlant du nombre de possibilités de pénétration de l’élément petits-bourgeois des campagnes dans l’économie soviétique, Lénine dit :

« Ou bien nous soumettrons à notre contrôle et à nos calculs ce petit-bourgeois [(nous le pourrons si nous organisons les paysans pauvres c’est-à-dire la majorité de la population, avec les semi-prolétaires, autour de l’avant-garde prolétarienne consciente)], ou bien il renversera notre pouvoir ouvrier inévitablement, comme l’ont fait de la Révolution Napoléon et Cavaignac, précisément sur ce terrain de la petite propriété. Ainsi se pose la question. » (6)

Alors qu’au cours des dernières années, le koulak (le paysan riche) a accru son pouvoir et multiplié ses intrigues, l’Opposition a lutté pour la consolidation du contrôle proposé par Lénine. C’est elle qui a exigé des mesures politiques plutôt qu’administratives et policières.

La majorité, en revanche, a suivi une politique opportuniste et pleine de dangers, tout en méprisant et en déformant les critiques et les mots d’ordre de l’opposition. Au lieu de la position de Lénine, Staline a adopté la sienne, qu’il a formulée comme suit :

« On ne peut pas confondre l’agriculture russe avec celle de l’Occident, où le développement de l’agriculture se fait de manière capitaliste ordinaire. Ici, c’est différent. Ici, le développement de l’agriculture ne peut suivre le même chemin car l’existence du pouvoir soviétique et la nationalisation de la grande industrie et des moyens de production ne permettent pas un tel développement. »

Boukharine, doctrinaire scolastique et théoricien docile des ordres d’un praticien brutal et intellectuellement limité, est allé encore plus loin dans cette direction. Mais cette vision stalinienne exclut précisément la fameuse question : Qui l’emportera ?, car selon elle, les masses paysannes doivent fatalement emprunter la voie du socialisme. Elle saisit mal le contenu de la lutte des classes.

Une telle conception ne pourrait en aucun cas conduire à un contrôle souple mais de plus en plus achevé des éléments petits-bourgeois; au contraire, elle conduirait à son abolition. Le koulak sait comment profiter de la situation et grignoter du terrain.

Les mesures que le gouvernement soviétique a dû prendre pendant les premiers mois de cette année ont pleinement confirmé les prédictions, les critiques et les mots d’ordre de l’Opposition. Les livraisons ont été effectuées à de nombreuses reprises – et, en outre, de manière insuffisante – uniquement par la contrainte et la force. Mais tant que la résistance des koulaks sera périodiquement brisée dans une certaine mesure par des mesures policières, les dangers réels d’une mauvaise politique dans les villages subsisteront. Elle ne peut être modifiée en profondeur que par un lien plus étroit entre les paysans moyens et pauvres et les ouvriers des villes, afin que le contrôle permanent de la dictature prolétarienne puisse s’affirmer plus solidement contre les éléments néo-capitalistes. Mais venons-en maintenant à une autre question, qui est d’ailleurs étroitement liée à celle que nous avons brièvement abordée ci-dessus. C’est celui du développement industriel.

« Le retard chronique de notre industrie – affirme l’Opposition dans sa Plate-forme – ainsi que des transports, de l’électrification et de la construction sur les demandes et les besoins de la population, de l’économie nationale et du système social de l’URSS dans son ensemble, paralyse tout le roulement économique, rétrécit la réalisation de la partie commerciale de la production agricole et de son exportation, maintient l’importation dans un cadre restreint, fait monter les prix au-dessus du prix de revient, crée l’instabilité du tchervonets, enraye le développement des forces productives, retarde la croissance du bien-être matériel des masses ouvrières et paysannes, provoque un accroissement dangereux des sans-travail et une aggravation des conditions de logement, nuit à la soudure entre l’industrie et l’économie agricole et affaiblit la capacité de défense du pays. » (7)

Le développement insuffisant de l’industrie ralentit à son tour la croissance de l’économie rurale. Aucune industrialisation n’est possible sans un accroissement déterminé des forces productives de l’agriculture et une augmentation de ses capacités commerciales.

L’Opposition s’appuie sur une masse de données irréfutables pour soutenir ces affirmations.

Quel rapport y a-t-il, nous le répétons, entre un tel langage et les dérobades des mencheviks ?

Mais au lieu de suivre l’Opposition dans ses investigations pratiques, certes difficiles mais solides, et d’oser voir clairement les difficultés dans le domaine de l’industrialisation, la majorité a choisi d’appliquer une politique de bluff, en élaborant un grand plan quinquennal souffrant d’imprécision. Dans les discours et écrits staliniens commentant ce plan, l’indication des moyens positifs pour assurer l’augmentation du rythme de l’industrialisation était généralement remplacée par des proclamations témoignant de la croyance en la construction du socialisme et en son progrès continu.

Cela n’a pas empêché la production industrielle du quatrième trimestre de l’année 1926-1927 d’être inférieure de 11 % à la production du même trimestre de l’année précédente. La récente affaire de Donets, en revanche, a démontré à quel point la contre-révolution peut plier lorsqu’elle tente de s’attaquer aux fondements mêmes de l’économie soviétique (8).

Tout ceci montre avec la plus grande clarté que le p.c. russe et l’Internationale communiste avaient le plus grand intérêt à prêter l’oreille à l’Opposition. Elle a fourni les mots d’ordre dont l’application aurait protégé le pouvoir prolétarien des graves dangers qui le menacent actuellement.

Au contraire, le Parti n’a pas réussi à empêcher la consolidation d’une bureaucratie qui sabote le contrôle des travailleurs sur la direction du Parti et de l’État.

Et la politique d’une direction coupable d’opportunisme dans les deux grandes questions de la lutte contre les éléments néo-capitalistes dans les campagnes et dans l’industrie a dû se confronter à d’autres conséquences désastreuses.

Dans sa plate-forme, l’Opposition les a détaillées de la manière suivante :

« Affaiblissement de la situation internationale de l’u.r.s.s., affaiblissement de la situation du prolétariat par rapport aux autres classes de l’u.r.s.s., aggravation relative de sa situation matérielle, affaiblissement de sa liaison avec la paysannerie pauvre, menaçant par-là l’union avec les paysans moyens ; affaiblissement de son rôle dans l’appareil d’État; ralentissement du rythme de l’industrialisation. Ce sont ces conséquences de la politique de la majorité du c.c. et non ses intentions qu’avait en vue l’Opposition lorsqu’elle posait la question des dangers thermidoriens; c’est-à-dire le glissement de la politique prolétarienne vers une politique petite-bourgeoise. » (9)

Mais l’opportunisme stalinien ne se manifeste pas seulement dans la question de l’édification du socialisme en Russie.

Au cours de la révolution chinoise, preuve a été faite d’un renoncement complet aux principes directeurs que l’Internationale s’était donnés lors de ses premiers congrès, sous la conduite personnelle de Lénine.

Le comportement de la direction stalinienne de l’Internationale communiste était si mauvais qu’elle a fini par soutenir la bourgeoisie chinoise au moment même où celle-ci faisait exterminer les ouvriers et les paysans pauvres.

Auparavant, la majorité des membres du Komintern avait justifié une autre énorme erreur en ce qui concerne le deuxième grand mouvement révolutionnaire de ces dernières années : la grève générale anglaise. En plus du maintien artificiel du Comité anglo-russe, lui donnant un sens complètement erroné, attachant une valeur fantastique à l’effet qu’une brèche pourrait exercer sur la paix, les staliniens ont accepté que les dirigeants des syndicats russes renoncent à une critique qui ne pouvait qu’informer les ouvriers anglais de la profondeur de la trahison de leurs dirigeants (10).

L’Opposition s’est opposée aux erreurs commises tant dans le cas chinois que dans celui du Comité anglo-russe. Là aussi, ses critiques n’ont eu droit à aucun contre-argument sérieux : aucun aveu d’erreur, mais des insultes, des mensonges et une déformation systématique de ses positions. Bientôt, les moyens utilisés par les staliniens contre l’Opposition ont exprimé l’opportunisme dans toute sa hideur, dans des formes classiques, mais plus capricieuses, plus cyniques, quand il s’agit de dissimuler l’abandon rapide d’une position, alors qu’hier encore ils étaient aux côtés de l’ensemble de l’avant-garde prolétarienne mondiale.

La lutte contre l’Opposition

La calomnie, le mensonge, la diffamation systématique, la déformation des faits historiques, la falsification de documents et la production de faux, telles ont toujours été les armes utilisées par les dirigeants opportunistes qui, pour maintenir leur influence dans le mouvement ouvrier, devaient combattre les éléments révolutionnaires. Dans ce domaine, comme dans tout autre, l’opportunisme confirme son rôle d’imitateur des pires méthodes de la bourgeoisie.

La lutte des staliniens contre l’Opposition confirme par un flot écrasant de faits les règles générales de l’opportunisme. En 1923, Trotsky avait à peine démontré, avec autant de précision que de force et de clarté, les menaces du bureaucratisme dans les rangs du p.c. et dans l’État soviétique, ou la bande de fonctionnaires qui se croyaient visés se retournait contre lui avec une haine aveugle.

Il a été identifié comme l’ennemi souhaité qui devait être réduit au silence ou écarté de la vie politique sans délai.

Staline, Zinoviev à l’époque, et d’autres ont élaboré un plan brutal pour faire tomber Trotsky. Elle consistait à accabler Trotsky de toutes ses erreurs passées, à le présenter comme l’éternel rebelle à Lénine, élaborant les plans les plus sombres pour saper l’œuvre de ce dernier.

En outre, ils ont pris soin de jeter une fausse lumière sur les points de vue que Trotsky avait défendus contre Lénine dans le passé, en les détachant des conditions historiques dans lesquelles ils avaient été formés. Et, d’autre part, des écrits qui ont été produits par centaines, on a essayé de retirer les questions importantes – et elles sont nombreuses – dans lesquelles Lénine avait pris position contre les adversaires les plus irréconciliables de Trotsky en accord avec ce dernier.

Mais l’ensemble de cet effroyable bricolage stalinien n’a pas seulement affecté Trotsky. L’usage minable de l’œuvre de Lénine par les staliniens à leurs propres fins peu après sa mort a confirmé les propos tenus par Lénine sur le destin des grands révolutionnaires :

« Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire» (11).
« C’est sur cette façon d’« accommoder » le marxisme que se rejoignent aujourd’hui la bourgeoisie et les opportunistes du mouvement ouvrier. » (Lénine, L’État et révolution, première partie).

Pour frapper Trotsky, pour déformer ses écrits et pour étouffer sa voix, il était aussi très souvent nécessaire de dissimuler les écrits de Lénine ou de les mutiler [Cette déformation de la révolution est brillamment démontrée dans la lettre de Trotsky à l’Institut historique du Parti russe] (12).

Ainsi, le trotskisme a été fabriqué par tous les moyens possibles (ou impossibles). Les arguments les plus fantaisistes ont été avancés pour prouver que les adversaires du trotskysme inventé par eux étaient les meilleurs et les seuls défenseurs de l’œuvre de Lénine. L’unité frappante et profonde qui existait entre Lénine et Trotsky depuis le retour de ce dernier d’Amérique en 1917 fut l’objet du déni. Les publicistes suspicieux qui ont confirmé de manière décisive cette unité en 1923, la nient en 1924.

On a tenté d’effacer de l’histoire le puissant rôle d’inspirateur et d’organisateur que Trotsky avait joué de mai à octobre 1917. Staline lui-même a suivi cette voie alors qu’il avait reconnu la grandeur de ce rôle dans un texte publié à l’occasion du premier anniversaire de la Révolution d’Octobre (13).

L’attitude de Trotsky sur la question de la paix de Brest-Litovsk a été exploitée au maximum. Mais l’homme le plus frénétique dans cette campagne était Boukharine, dont on disait à l’époque qu’il voulait emprisonner Lénine pour sa « trahison ».

La théorie de la révolution permanente, défendue par Trotsky avant 1917, devait être utilisée afin de le présenter comme un ennemi farouche de toute alliance entre les ouvriers et les paysans. Boukharine, Staline, Zinoviev, Kamenev et les nombreux autres petits augures ont ainsi très simplement imité les contre-révolutionnaires, qui en 1919 avaient également forgé un désaccord entre Lénine et Trotsky. Ils répandent cette rumeur, disait Lénine à l’époque, parce que leurs affaires vont de mal en pis et qu’ils n’ont d’autre issue que de tromper les masses ouvrières sur une prétendue lutte interne qui déchirerait le Conseil des commissaires du peuple.

Le rôle prédominant de Trotsky dans l’organisation de l’Armée rouge n’a jamais été nié. On sait avec quelle fierté Lénine, dans une conversation avec Gorki, loua les extraordinaires qualités d’organisateur de Trotsky. Staline, cependant, afin d’effacer le souvenir des services rendus, ordonna qu’ils soient déclarés nuls et non avenus. Il a trouvé un Iaroslavsky pour lui obéir de la manière la plus insensée.

Mais nous ne pouvons ici qu’évoquer quelques traits saillants de l’horrible campagne « anti-trotskyste ».

Après avoir été pendant des années l’un des leaders les plus offensifs de la campagne contre le « trotskysme », Zinoviev reconnaît en 1926 que cette notion n’existe pas dans la réalité et qu’elle n’a été inventée que pour discréditer Trotsky politiquement.

Zinoviev a dit la vérité à ce moment-là, car au lieu de persister dans certaines de ses erreurs passées, Trotsky, qui n’a jamais abandonné l’analyse marxiste en ce qui concerne l’état de l’Union soviétique et la politique internationale, s’est efforcé, à la suite de Lénine, de préserver la révolution russe de son déclin.

Et c’est précisément parce que l’opportunisme stalinien a rencontré ce gardien clairvoyant sur son chemin qu’il a essayé de l’encercler et de le détruire dans une atmosphère d’intrigue, de tromperie et de démagogie.

Aussi puissante qu’ait été la personnalité de Trotsky, il n’a joué qu’un rôle de précurseur de l’Opposition, qu’il a profondément marquée et soutenue de tout son génie.

Lorsque, au cours des années 1924, 1925, 1926 et  ;1927, les différents groupes politiques se sont ralliés à lui, plus ou moins fermement, avec diverses réserves, dans un esprit de plus ou moins grand compromis, ils ont été victimes des mêmes méthodes que celles appliquées à Trotsky. Tout l’appareil du parti stalinien a été mis en branle pour les couper des masses, pour étouffer leurs critiques et leurs mots d’ordre, ou pour les présenter sous un faux jour.

Plus les différents éléments de l’Opposition faisaient preuve de fermeté et de cohérence dans leur action commune, se présentant plus clairement comme un bloc solide de forces barrant la route au révisionnisme stalinien, celui-ci redoublait de fourberie, de mensonges et de brutalité.

Privée de tous les moyens réguliers de défendre sa position, accusée à tort des pires compromissions et des plus dangereuses défaillances, l’Opposition a été délibérément poussée par les staliniens sur la voie du fractionnement.

Jamais, cependant, l’Opposition n’a songé à prendre l’initiative de rompre l’unité du Parti. Elle a accepté à plusieurs reprises la dissolution de ses fractions à condition, toutefois, qu’à chaque fois que la situation l’exigerait, elle puisse défendre ses positions dans les organes et les réunions du Parti. Les staliniens font semblant d’accepter ces conditions, qui ne correspondent par ailleurs qu’à la stricte observation des statuts du Parti. Mais en réalité, ils ne pensaient qu’à tendre une embuscade à l’Opposition et à la priver de toute possibilité de défendre ses idées.

Lorsque, avant l’ouverture de la discussion au sein du Parti russe sur les questions à l’ordre du jour du XVe Congrès, l’Opposition eut publié ses thèses, le bureaucratisme stalinien perdit toute mesure dans l’usage de la répression. Il a estimé que la clarté, la vigueur et l’unité de vues exprimées par l’Opposition cette fois-ci mettaient en relief son propre échec à suivre les voies correctes de la révolution.

Il ne voulait à aucun prix entrer dans la discussion sur le terrain régulier, dépourvu de manœuvres et de démagogie suivi par l’Opposition.

La publication de la Plateforme de l’opposition a été interdite. En fait, la base du parti ne l’a jamais su. Mais alors que cette plate-forme était interdite, elle fut communiquée aux ouvriers et aux paysans russes sous la houlette de Staline et de Boukharine. Ainsi, il n’y eut aucune honte à la présenter comme un écrit menchevik contre-révolutionnaire digne des plus farouches adversaires de la dictature prolétarienne.

Après une nouvelle campagne « anti-trotskyste », qui ne comportait aucune discussion sérieuse des idées des opposants, ces derniers furent autorisés à présenter des thèses séparées sur les différentes questions en discussion. Souvent, elles ne parvenaient aux cellules du parti que lorsque les délégués du congrès étaient déjà en route pour Moscou.

Privée de tout moyen sérieux de défense et d’expression, placée sur le même terrain que les bandes blanches pour ses tentatives désespérées de soumettre ses points de vue au jugement des travailleurs, l’opposition intensifia son opposition aux méfaits du stalinisme et, lors des célébrations du Xe anniversaire de la Révolution d’Octobre, exprima ouvertement sa volonté de faire entendre sa voix.

Cette opposition a donné aux staliniens le prétexte pour prendre les mesures ultimes : la persécution ouverte.

Les leaders de l’Opposition, avec Trotsky à leur tête, ont été exclus du Parti. Les portes du Congrès étaient ainsi fermement fermées à l’Opposition.

Au Congrès lui-même, les staliniens n’ont pas seulement exigé le retour de l’Opposition dans les limites régulières des organisations du Parti. Ses idées étaient considérées comme hérétiques, incompatibles avec le statut de membres du parti. On a exigé qu’elle renonce à jamais à les défendre à nouveau. C’est ainsi que fut proclamée la loi du « désarmement idéologique ».

Mais les événements eux-mêmes avaient forcé les staliniens à confesser leur duperie et leur hypocrisie. Pour tout ouvrier conscient, une telle attitude de la majorité ne traduisait rien d’autre que la volonté de rompre avec le groupe des vieux bolcheviks de l’Opposition, qui s’étaient donné pour tâche de défendre la plus pure tradition révolutionnaire dans des conditions historiques particulièrement difficiles. Une fois de plus, l’opportunisme a cherché à rendre ses adversaires responsables de son travail de division.

L’Opposition, consciente de la nature réelle du drame dans lequel elle jouait un rôle si important, ne pouvait pas reculer. Seuls Zinoviev, Kamenev et quelques autres, habitués aux conversions jésuites, se sont glissés dans l’abîme du piège grossier tendu par Staline.

Les doutes et les manquements les plus criminels du mouvement ouvrier sont ceux des groupes sur lesquels repose, aux moments décisifs, la défense des traditions révolutionnaires contre leurs agents destructeurs. Trotsky et ses camarades l’ont compris.

L’attachement à leurs principes révolutionnaires, leur volonté inflexible de les défendre, leur a valu non seulement l’exclusion du Parti russe mais aussi le bannissement.

Cela représente désormais un tournant important pour la révolution russe.

« Notre déportation à nous, soldats de la Révolution d’Octobre et compagnons d’armes de Lénine, est l’expression la plus claire des changements survenus dans le pays en ce qui concerne les rapports de classes, l’expression la plus claire aussi du glissement de la Direction vers l’opportunisme. Nous n’en restons pas moins convaincus que le fondement du pouvoir des Soviets est toujours constitué par le prolétariat. Il est encore parfaitement possible de remettre en équilibre, de consolider le système de la dictature prolétarienne, en modifiant radicalement la ligne de conduite, en réparant les fautes, en appliquant de profondes réformes, sans de nouveaux ébranlements révolutionnaires » (14).

C’est en même temps une mise en garde sur les espoirs exprimés par les exilés avant leur départ pour la Sibérie.

Depuis la destitution de leurs dirigeants, les membres de l’Opposition sont soumis aux persécutions les plus brutales. Cependant, leur force reste vivante et invincible, car elle correspond aux aspirations les plus profondes du prolétariat russe.

L’Internationale Communiste et l’Opposition

Le mécanisme de transmission des méthodes staliniennes du Parti communiste russe à l’ensemble du Komintern est fondamentalement très simple.

Comme nous l’avons déjà noté, l’influence des dirigeants russes au sein du Komintern reste écrasante. Dans les autres sections nationales, on ne trouve pas beaucoup d’éléments capables de penser par eux-mêmes et d’appliquer nos méthodes de dissection marxiste, qui s’appliquent en toutes circonstances.

Les décisions du p.c. sont pour ces éléments comme des ordres à exécuter à la lettre, sans aucun contrôle de leur exactitude.

D’autre part, ces éléments dans leur propre pays, découragés et idéologiquement épuisés, renoncent à suivre le processus compliqué, souvent imprévu et lent de la désagrégation capitaliste et des hauts et des bas révolutionnaires. Ils s’abstiennent de résoudre les difficultés réelles de la formation de partis communistes qui savent vraiment comment remplir leur mission selon les circonstances du lieu et du moment.

Au contraire, ils préfèrent bluffer et pratiquer un putschisme verbal, cherchant dans l’acceptation des directives staliniennes une protection contre la critique de leurs propres erreurs.

Ces éléments démoralisés ne pouvaient offrir la moindre résistance à l’opportunisme stalinien. Ils n’ont pas été capables de pousser le moindre cri d’alarme pour avertir le p.c. russe de la voie opportuniste qu’il était en train d’emprunter. Ils ne pouvaient que copier servilement les modèles de campagne anti-trotskyste confectionnés par le centre stalinien, trafiquer les textes, maudire à gauche et à droite, créer partout la confusion et la méfiance et discréditer notre mouvement. Jamais auparavant la vérité historique n’avait été traitée avec autant d’impudence.

À peine le XVe Congrès du p.c. russe eut-il décrété « l’incompatibilité des idées trotskystes avec l’appartenance au Parti bolchevik », que le Comité exécutif du Komintern adoptait sans discussion une décision similaire.

Dès lors, l’exécution de cette décision devait conduire à un renouvellement de campagne dans l’ensemble de l’Internationale, plus vicieusement que jamais, dans le seul but de détruire tous les éléments d’opposition.

C’est au cours de cette dernière campagne stalinienne que les exclusions contre l’Opposition du PC belge ont également été menées à terme. Dans ce dernier parti, ont émergé les politiciens les plus serviles, prêts à se soumettre aux exigences de l’opportunisme stalinien.

Le stalinisme en Belgique

Dès les premiers moments de la discussion sur la question de l’Opposition russe au sein du PC belge, les staliniens ont publié une édition belge de toute une littérature calomnieuse et mensongère déversée sur l’Opposition par les charretiers de Russie. Il s’agissait de savoir qui pouvait être le plus hâbleur, pour vendre des montagnes de sottises.

L’Exécutif du Komintern se précipite au secours des staliniens de Flandre et de Wallonie. C’était typique et digne de « révolutionnaires » qui font de la démagogie leur règle suprême et se moquent bien de la vérité. En effet, dans les libelles que l’Exécutif du Komintern – jonglant avec son prestige et son autorité – envoyait aux membres du Parti belge, il s’efforçait de débusquer le « trotskysme pur », le menchevisme, l’opportunisme et aussi le sectarisme dans l’ensemble de la politique menée par les éléments d’opposition à la tête du Parti.

Selon des spécialistes compétents et érudits, seules les erreurs commises par l’Opposition en Belgique pourraient expliquer son opinion sur la question russe. Ils se sont donc mis au travail pour déceler toutes les erreurs qu’elle devait commettre.

Les provocations et la campagne, lancées par le Komintern et fidèlement appliquées par les staliniens belges, se sont multipliées jusqu’à la conférence nationale du p.c. belge des 11 et 12 mars [1928]. C’est alors que les staliniens ont dû manifester toute leur hypocrisie et la manœuvre maladroite de division qu’ils avaient concoctée.

Pendant le déroulement de la Conférence nationale, l’Exécutif du Komintern siégeait à Moscou.

Ce dernier a simplement décidé, comme nous l’avons déjà écrit, d’appliquer à l’ensemble de l’Internationale la décision du XVe Congrès du p.c.r. concernant l’Opposition.

La majorité du Parti russe avait en effet provoqué la rupture avec l’Opposition en déclarant l’idéologie de cette dernière incompatible avec le statut de membre du Parti. La majorité de l’Internationale communiste a suivi cet exemple.

À partir de ce moment, les staliniens belges n’avaient plus qu’à obéir et aussi à réaliser sur place la scission. Et ils l’ont fait de bon cœur.

La manœuvre était de pouvoir cacher aux travailleurs cette volonté de rupture et sa nature réelle derrière la saleté des intrigues. La majorité savait que l’Opposition ne renoncerait pas à ses idées. Elle n’a pas pu le faire. La moindre hésitation de sa part, la plus petite concession dans les circonstances où elle est devenue l’héritière de la tradition révolutionnaire contre l’opportunisme et la tromperie de la classe ouvrière aurait été une vilainie de sa part. Tout au plus aurait-elle pu se soumettre aux décisions de la Conférence nationale si on lui avait donné l’occasion de défendre régulièrement ses vues en certaines occasions devant toutes les instances du Parti et de l’Internationale. Elle ne pouvait pas consentir au suicide politique qu’on lui imposait.

Entièrement en accord avec les décisions du comité exécutif du Komintern. Sur le plan interne, les staliniens ont essayé de briser l’Opposition, de la disperser, de l’affaiblir par des exclusions partielles, de la détruire moralement et matériellement (15).

Mais toutes ces tentatives de corruption politique, redoublées contre une partie de l’Opposition, ont échoué.

Lors de la Conférence nationale elle-même, les staliniens prévoyaient de poser une série de questions aux membres de l’Opposition individuellement. Ces questions sans fin pourraient en fait être réduites à une seule question :

« Êtes-vous prêts à renoncer à tout jamais aux vues de l’Opposition ? Êtes-vous prêts à attaquer demain, avec la dernière violence, ces vues et à vous présenter par conséquent vous-mêmes comme des néo-mencheviks, des contre-révolutionnaires de la veille ou mieux encore des néo-fascistes en herbe, etc., etc. ? » (16)

Le ridicule et la mesquinerie de ces méthodes ne méritent aucun commentaire superfétatoire.

L’Opposition avait déterminé son opinion et son comportement, et ses déclarations [Voir le premier numéro de la revue De Kommunist, publié le 25 mars 1928] à cet égard étaient parfaitement claires. Alors que les staliniens persistaient dans leur hypocrisie, leur fourberie et leur folie, l’Opposition tirait elle-même les conclusions de sa véritable exclusion.

Il s’est constitué en groupe d’opposition, établissant sa politique et prenant des mesures pratiques ouvertement.

Depuis lors, l’Opposition travaille sans fébrilité, mais avec une volonté qui ne néglige rien dans l’application de son programme communiste, avec la certitude que, tôt ou tard, elle abattra l’opportunisme croissant dans les rangs du Komintern, pour participer à la tentative de libérer l’organe politique dirigeant du prolétariat révolutionnaire international de tous les relents de tout révisionnisme stalinien ou autre.

Ce n’est pas seulement sur la question russe que la majorité et l’Opposition ont des désaccords profonds. Nos staliniens l’ont souligné. Mais là aussi, ils ont uni la confusion à la tromperie. Il ne suffit pas d’entasser une série infinie de phrases creuses sur la tête de l’Opposition pour être soi-même libre.

Ainsi, selon les staliniens qui font la leçon aux réunions du Parti et de la Jeunesse, l’Opposition est sectaire et nettement hostile à un parti de masse.

L’Opposition n’est pas sectaire. Elle est déterminée à travailler à la formation d’un parti révolutionnaire de masse. Mais pour atteindre son but avec certitude, il commence par ne pas considérer ses souhaits et ses impressions passagères comme des réalités durables.

Il ne peut y avoir de parti révolutionnaire de masse, c’est-à-dire un parti qui dirige et préside la classe ouvrière, sans que l’avant-garde prolétarienne ne parvienne à une clarification idéologique profonde et sans compromis. Ce n’est pas possible si l’on se contente de cracher sur la tête des réformistes par la fenêtre et d’ouvrir en même temps la porte à l’opportunisme. La rhétorique qui ne fait que bluffer n’a jamais pu servir de ligne directrice révolutionnaire.

L’Opposition serait opportuniste dans la pratique. Ce n’est pas le cas. Mais il refuse de se poser en grand organisateur. On n’organise pas dans l’espace, on n’organise pas sur le papier, avec une terminologie technique grandiloquente et sans signification. On n’organise pas les masses dans les bureaux d’un parti où ne fonctionne qu’un appareil flottant dans les nuages. Et on n’organise pas même cet appareil en lui donnant un caractère un peu militaire sans aucun lien avec la vie professionnelle.

L’Opposition sait que l’organisation des masses, son orientation sur la voie révolutionnaire, ne dépend pas uniquement de sa propre volonté. L’histoire, elle aussi, a son mot à dire dans l’exécution des tâches du parti. Et tous les tournants de l’histoire ne sont pas du tout identiques.

Il suffit que l’Opposition trouve sa voie pour pouvoir se présenter de plus en plus clairement et objectivement aux grandes masses exploitées, afin d’être sûre de pouvoir les diriger au moment décisif de la lutte contre le capitalisme. Cette recherche implique un dévouement et une adhésion inlassable aux luttes quotidiennes des travailleurs.

Le sectarisme rigide uni à l’opportunisme est le fait de ceux qui associent constamment « le gauchisme » et la phraséologie trompeuse à un formalisme mesquin qui remplace les besoins réels des travailleurs par les mots à la mode fantaisistes de leur groupe robotisé.

En nous opposant sans réserve à l’opportunisme stalinien sous toutes ses formes dans toute l’Internationale et surtout en Belgique, nous sommes convaincus de travailler au renouveau du mouvement révolutionnaire.

Comme nous l’avons dit dans l’introduction de cette brochure, la révolution prolétarienne fait sa propre critique. Une fois de plus, elle doit se montrer impitoyable.

Les rires stupides et les moqueries grossières qu’elle provoque dans les rangs de la bourgeoisie se transformeront un jour en expressions de peur. Les spéculations électorales qu’elle suscite chez les réformistes seront suivies de regrets et de plaintes amères.

L’ensemble du mouvement ouvrier traverse une crise douloureuse et profonde faite de divisions, de défaites, de trahisons et d’effondrements. Les désaccords et, parfois, la lenteur l’ébranlent. L’exil des révolutionnaires communistes dans le pays où la dictature prolétarienne s’affaiblit, est l’événement le plus frappant de la profondeur et de la complexité de cette crise.

Mais de ces chocs et de ces destructions d’éléments hostiles naîtra une nouvelle force offensive et une conscience révolutionnaire jusqu’alors inconnues. En attendant, la révolution prolétarienne ne tardera pas à recourir résolument à la critique des armes. Son parti communiste devra alors mettre ses forces à l’épreuve de ses promesses.


Notes redactionelles

1. Cours nouveau , un recueil de textes et articles de Trotsky parus en russe en décembre 1923; Maurice Parijanine assura la traduction du russe en français.

2. La phrase entre crochets n’est pas citée par Van Overstraeten. Pour le texte complet de Cours nouveau (1923), en traduction française, cf. chapitre La question des générations dans le parti .

3. Bulletin communiste, n° 29-30, août-décembre 1928, « Lettre à l’Institut historique du Parti » (21 octobre 1927), p. 467-492.

4. Van Overstraeten omet (volontairement ?) la phrase essentielle qui suit : « Voilà le point essentiel que nous ne devons pas oublier en traitant du capitalisme d’État ». Source : XIe Congrès du Parti communiste (bolchevik) de Russie, Rapport politique du Comité central du Parti communiste (bolchevik) , 27 mars 1922.

5. Voir la traduction en anglais bien plus fiable qu’en français : The Tax in Kind (The Significance Of The New Policy And Its Conditions) , Collected Works, 1st English Edition, Progress Publishers, Moscow, 1965, Vol. 32, p. 329-365.

6. Van Overstraeten cite très partiellement L’Impôt en nature. Pour une traduction plus fiable en français, cf. La Révolution prolétarienne, n° 22, octobre 1926, p. 8. On peut consulter La Révolution prolétarienne, en ligne sur le site Fragments d’ Histoirede la gauche radicale .

7. Plate-forme de 1927, in : Les bolcheviks contre Staline 1923-1928, « Quatrième Internationale », Paris, 1957, p. 107.

8. Affaire de Donets (Ukraine) : Il s’agit en fait d’une mise en scène de Staline tendant à prouver que les ingénieurs du Donetsk se livraient à l’espionnage et au sabotage… Cf. Pierre Pascal, Journal de Russie 1928-1929, Noir Sur Blanc, Lausanne, 2014.

9. Plate-forme de 1927, in : Les bolcheviks contre Staline 1923-1928, op. cit., p. 145.

10. L’i.c., en fait sa direction autour de Boukharine et Staline, avait développé la théorie des « brèches » dans le cours mondial, l’u.r.s.s. étant la première brèche. La seconde brèche était le maillon faible de l’impérialisme mondial, l’Empire britannique, menacé de l’intérieur par la radicalisation de sa classe ouvrière (la grève des mineurs à la fin de 1926). La troisième brèche étant la Chine par l’alliance entre le p.c. chinois et Guomindang. Boukharine, l’artisan de cette politique préconisait le « travail dans les syndicats », un front unique syndical, surtout « par en haut » et des mises en scène internationales ad hoc (comme le Comité anglo-russe de soutien à la grève des mineurs).

11. L’État et la révolution .

12. Voir note  ;3.

13. « Tout le travail d’organisation pratique de l’insurrection s’effectua sous la direction immédiate du président du Soviet de Petrograd, le camarade Trotsky. On peut dire avec certitude que le passage rapide de la garnison du côté du Soviet, et l’exécution audacieuse du travail du Comité révolutionnaire militaire, le Parti les doit principalement et avant tout au camarade Trotsky.  ;» (Pravda, n°  ;241, 6 novembre 1918).

14. Contre le Courant, organe de l’Opposition Communiste, n° 8, Paris, 11 février 1928, « Appel des déportés à l’Internationale », p. 8-11. Signé entre autres par Trotsky, Rakovsky, Radek, Smilga, I. N.Smirnov, Valentinov, Serebriakov, etc.

15. On peut lire dans le numéro de l’Humanité daté du 23 mars 1928 [« Après l’exclusion de Van Overstraeten. Débarrassé des chefs de l’opposition trotskyste le Parti belge continue »] que l’un des chefs de l’Opposition, Adhémar Hennaut était un vulgaire « cambrioleur » du matériel du «Parti». Quant à Van Overstraeten il détiendrait frauduleusement le mandat de député qui lui avait été confié par les électeurs ouvriers. Pour ces raisons, le « cambrioleur » Hennaut et Van Overstraeten étaient exclus du « Parti ». À noter : ce type d’accusations contre les opposants est utilisé fréquemment de nos jours, en cas de scission, par les groupes ou groupuscules se situant « à gauche » des partis staliniens.

16. Cité partiellement dans le Manifeste de l’Opposition du p.c.b., signé Bourgeois, Hennaut, Lootens, Mathieu, Plisnier, Van den Heuvel, Van Overstraeten, in : Contre le Courant, organe de l’Opposition communiste, n°  ;16, 31  ;mars 1928, p.  ;5.


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Compiled by Vico, 20 February 2022





























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