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Thème : La solution économique pour la période de transition du capitalisme vers le communismeTemps de travail social moyen
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( MP | + | mp ) | + | FT |
( Machines, etc. | + | Matières primaires, etc. ) | + | Force de travail |
( 10 000 heures de travail | + | 70 000 heures de travail ) | + | 70 000 heures de travail |
soit au total 150 000 heures de travail. Appliquons maintenant ces chiffres à une fabrique de chaussures : (MP + mp) + FT = produit.
(10 000 heures de travail + 70 000 heures de travail) + 70 000 heures de travail :
50 000 paires de chaussures en 150 000 heures de travail.
En moyenne, une paire de chaussures nécessite trois heures de travail. Dans cette formule de production, nous avons également la formule de reproduction simple. Nous savons combien d’heures de travail ont été employées par cette entreprise à la production de 50 000 paires de chaussures. La même masse d’heures de travail doit lui être à nouveau fournie. Ce qui vaut pour une entreprise isolée vaut pour toute la société qui n’est que la somme de toutes les entreprises. Le produit social total est le produit (MP + mp) + FT de toutes les entreprises. Pour distinguer la formule de production des entreprises individuelles de celle de la société dans son ensemble nous pouvons écrire : Produit social PS = (sMP + smp) + sFT. Si sMP = 100 millions heures de travail, smp = 600 millions heures de travail, sFT =600 millions heures de travail, le schéma du produit social s’écrit PS = (100 + 600) + 600 = 1 300 millions heures de travail. Dans le cas de la re-production simple, c’est-à-dire s’il n’y a pas élargissement de la production, il y a sur la production totale 600 millions d’heures de travail qui sont disponibles pour la consommation, sous forme de moyens de consommation.
La connaissance du fond de consommation ne dit encore rien sur sa répartition. Ici encore, il est possible d’établir une équivalence entre les travaux différents et les parts en biens de consommation. On peut, par exemple, accorder à un manœuvre pour chaque heure de travail réalisée la moitié seulement d’une heure de travail en biens de consommation, alors que d’autre part, on pourra attribuer à un ingénieur pour une heure de travail réalisée trois heures de travail en biens de consommation (u). Cependant, – abstraction faite de ce que le développement des forces sociales productives s’exprime, aussi par une simplification technique du procès de travail et que l’opposition entre travail manuel et intellectuel se résoud dans une unité supérieure déjà visible – même du point de vue économico-social, la nécessité d’une répartition antagonique disparait dans le régime communiste. Dans le capitalisme, de même que la reproduction capitaliste est individuelle, de même la reproduction de la force de travail est laissée aux soins des individus en fonction de leur situation de classe. En règle générale, l’ouvrier n’engendre que des ouvriers, la classe moyenne remplit toujours des emplois plus élevés. Dans la société communiste, la reproduction de la force de travail comme celle de l’appareil de production sont des fonctions sociales. Ce n’est plus la situation de classe des individus qui détermine la reproduction de la force de travail, mais c’est la société qui règle consciement cette reproduction, grâce à quoi disparait l’antagonisme de la répartition qui existerait éventuellement dans les débuts de la nouvelle société. Le communisme développé ne connaît plus cet antagonisme (v).
L’application de l’heure de travail social moyen comme unité comptable suppose l’existence de conseils d’usine (soviets). Chaque entrerise intervient comme entité autonome et, comme nous le montrerons plus loin, est liée en même temps à toutes les autres entreprises. Par le fait de la division sociale du travail, chaque entreprise fabrique des produits finis déterminés. Avec la formule MP + mp + FT, chaque usine peut calculer le temps de travail contenu dans ses produits. Dans notre exemple de la fabrique de chaussures, chaque produit fini, chaque paire de chaussures, contient en moyenne trois heures de travail. On peut déterminer cette moyenne pour chaque produit et pour chaque entreprise. Le produit fini d’une entreprise, pour autant qu’il ne sert pas à la consommation individuelle, entre dans une autre entreprise sous forme A ou B, laquelle calcule aussi son produit fini en heures de travail. Ce-ci vaut pour toutes les entreprises sans égard à la quantité ou la nature de leur produits.
Quand chaque entreprise a déterminé le temps de travail moyen contenu dans ses produits, il reste encore à trouver la moyenne sociale. Toutes les entreprises, c’est-à-dire celles qui produisent les mêmes objets, doivent entrer en relation. A partir des entreprises individuelles d’une industrie déterminée, sur un territoire donné, on établit la moyenne générale. Si, pour prendre un exemple grossier, 100 fabriques de chaussures atteignent une moyenne de trois heures, 100 autres une moyenne de deux heures, la moyenne générale pour une paire de chaussures est de 2,5 heures. Les différences résultent des différences de productivité des diverses entreprises. Bien que cela soit un héritage du capitalisme, et qu’à la longue les différences de productivité soient destinées à disparaître, le retard d’une entreprise doit être entre temps compensé par l’avance d’une autre. Mais au point de vue de la société, il n’existe qu’une productivité sociale moyenne. La détermination du temps de travail social moyen exige la cartellisation des usines et industries individuelles. L’opposition entre heure de travail moyen d’entreprise et heure de travail social moyen trouve sa résolution dans le cartel de production.
Avec le développement de la productivité du travail, diminue le temps de travail social moyen. Si le produit ainsi « meilleur marché » est destiné à la consommation individuelle, il y entre comme tel, c’est-à-dire avec une moyenne réduite. Si c’est un produit fini qui sert de moyen de production à d’autres entreprises, la con-sommation de (PM + pm) baisse pour celles-ci, leurs coûts d’entreprise baissent et avec eux le temps de travail de leurs produits finis. La compensation des fluctuations ainsi causées est un problème purement technique qui ne soulève aucune difficulté particulière.
Si le temps de travail sert de mesure pour la production, il doit également s’appliquer à la répartition. Marx décrivait cette unité en phrases très simples :
« Si par exemple, la journée sociale de travail se compose des heures de travail individuel, ce que le producteur a donné à la société, c’est son quantum individuel de travail. Le temps de travail individuel du producteur individuel est la partie fournie par lui à la journée de travail social, sa participation à celle-ci. Il reçoit de la société un bon certifiant qu’il lui a fourni tant et tant de travail (déduction faite du travail pour le fond social) et avec ce bon, il retire du fond social des moyens de consommation autant que cela coûte en travail. Ce même quantum de travail qu’il a donné à la société sous une forme, il le reçoit d’elle sous une autre forme. » (w).
La spécialisation du travail entraine l’utilisation de signes quelconques pour prélever des biens sociaux de consommation. Les producteurs reçoivent autant de ces signes qu’il correspond aux heures de travail qu’ils ont effectuées. On peut appeler ces signes « monnaie-travail », bien qu’il ne s’agisse plus de monnaie au sens capitaliste du terme. « Les producteurs », écrit Marx, « peuvent d’après moi recevoir des signes de papier grâce auxquels ils reçoivent du fonds social de consommation une quantité correspondant à leur temps de travail. Ces signes ne sont pas de l’argent, ils ne circulent pas. »
Cependant, les ouvriers ne peuvent recevoir le montant total de leur travail. Le temps de travail n’est pas la mesure directe de la part individuelle consommable du produit social. Marx le précise :
« Si nous prenons d’abord le mot « fruits du travail » au sens de produit du travail, le fruit du travail communautaire est le produit social tout entier. Il faut en déduire premièrement ce qui est nécessaire pour remplacer les moyens de production usagés, deuxièmement une réserve ou fonds de sécurité contre les accidents, les désastres d’origine naturelle, etc. Ces défalcations sur le « fruit intégral » du travail sont une nécessité économique et leur importance sera déterminée en fonction du moyen et des forces disponibles – en partie par le calcul des probabilités, mais elles ne peuvent être calculées en aucune manière sur la base de l’équité. Reste l’autre partie du produit total destinée à la consommation. Avant de procéder à la répartition individuelle, il faut en déduire premièrement les frais généraux d’administration qui n’appartiennent pas à la production. Cette partie sera immédiatement réduite de façon très importante comparativement à aujourd’hui et ira diminuant au fur et à mesure que la nouvelle société se développera. Deuxièmement ce qui est destiné à la satisfaction communautaire des besoins, par exemple : les écoles, les hôpitaux, etc. Cette partie croît immédiatement d’une manière importante par rapport à aujourd’hui et va encore croissant au fur et à mesure que la nouvelle société se développe, troisièmement, fonds pour ceux qui sont incapables de travailler, etc., bref, pour ce qui a trait à ce qu’on appelle, assistance publique aujourd’hui. C’est seulement alors que nous arrivons à la distribution des moyens de consommation entre les producteurs individuels de la communauté. Le « fruit intégral du travail » est devenu « partiel » encore que ce qui est enlevé au producteur en tant qu’individu privé, il le retrouve directement ou indirectement en tant que membre de la société » (x).
Les établissements qui ne produisent pas de biens matériels mais qui prennent part à la consommation sociale doivent être considérés comme des entreprises. Leurs services sont livrés immédiatement à la société, production et distribution ne font qu’un. Pour ces entreprises, le but final du communisme (« à chacun selon ses besoins ») est déjà réalisé, leur répartition n’est réglée d’après aucune mesure économique. Nous appelons ces entreprises services publics ou services du travail social (s.t.s.). De même que les différences de productivité, de même l’existence des s.t.s. apporte une complication à la comptabilité communiste. Tout ce dont les services publics ont besoin doit être prélevé sur la masse des biens des usines productives.
« La société crée des produits sous mille formes différentes et en eux exprime combien d’heures de travail social moyen a nécessité leur production. De cette masse de produits, les usines productives retirent d’abord de quoi renouveler leurs moyens de production et leurs matières premières Les entreprises s.t.s. en font alors autant tandis que le reste des produits est consommé par tous les ouvriers. C’est ainsi que la société absorbe le produit social tout entier. » (y).
Revenons à notre schéma de production pour la société dans son ensemble, il est de la forme ( MP + mp ) + FT = masse de produits et dans notre exemple ( 100 + 600 ) + 600 = 1 300 millions heures de travail. mp et mp doivent être reproduits, il reste du produit total 600 millions de heures de travail. Les s.t.s. retirent de ces 600 millions leurs moyens de production et leurs matières premières. Il est également nécessaire de connaître la consommation totale des services publics. Appelons mp leurs moyens de production, mp leurs matières premières, ft leur force de travail, le budget total des s.t.s. est alors :
( MPo + mpo ) + FTo = services des S.T.S.
soit ( 8 + 50 ) + 50 = 108 millions heures de travail.
Il faut déduire des 600 millions de heures de travail pour la consommation, 58 millions pour MP + mp ). Il reste 542 millions heures de travail pour la consommation individuelle. Nous appelons cette partie : facteurs de la consommation indi-viduelle f.c.i.. La formule de F.CI. est:
FT – ( MPo + mpo )
FT + FTo
soit avec les chiffres de notre exemple :
F.C.I. = | 600 million – 58 million | = | 542 million | = 0,83 |
600 million + 50 million | 650 million |
Si un ouvrier a travaillé 40 heures, il reçoit de l’argent travail pour 40 × 0,83 = 33,2 heures de travail qui lui permettent d’acquérir les biens de son choix. Ce calcul est possible parce que toutes les entreprises comptabilisent ce qu’elles consomment en mp, mp, ft. La comptabilité qui enregistre tous les produits a en mains tous les éléments qui lui seront nécessaires pour établir le règlement, c’est-à-dire FT, MPo, mpo, FTo, qui résultent d’une simple opération d’apurement (virement).
Dans les entreprises s.t.s., le principe à chacun selon ses besoins est déjà réalisé. Avec le développement et Ia croissance du communisme, ce type d’entreprise s’étend toujours davantage (assistance publique, nourriture, transport, logement). Plus la société se développe dans ce sens, plus les usines se transforment en s.t.s. et moins le travail individuel sera la mesure de la consommation individuelle. Il faut voir dans cette tendance, la tendance au développement vers la société communiste. Marx dit :
« Ce n’est qu’à un haut degré de développement de la société communiste après qu’a disparu l’affreuse subordination des individus à la division du travail et ainsi l’opposition entre travail physique et intellectuel seulement après que le travail est devenu non seulement un mode d’existence mais encore une condition de l’existence, sa première condition seulement après que les forces productives se soient développées en même temps que les individus sous tous les rapports et seulement après que toutes les sources de la richesse auront commencé à jaillir, seulement alors on pourra dépasser l’étroit horizon du droit bourgeois et la société pourra inscrire sur son drapeau « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». (z).
Avec le développement du communisme, le calcul change pour f.c.i. Diverses entreprises, une centrale électrique par exemple, travaillent en partie pour la consommation individuelle, en partie dans un but purement productif. Si comme dans notre exemple le courant est fourni gratuitement aux consommateurs, la centrale électrique appartient alors à un nouvau type d’entreprise. Pour le calcul, ces entreprises mixtes doivent être considérées soit comme une entreprise productive, soit comme s.t.s. Les fournitures de courant entrant dans la consommation individuelle et exprimées en heures de travail doivent être restituées à notre centrale électrique par f.c.i. L’addition de ces fournitures pour toutes les entreprises mixtes constitue le déficit que doit combler le f.c.i. Appelons le déficit général d, nous avons alors une nouvelle forme de répartition :
F.C.I. = | FT – ( mpo + FTo + D ) |
FT + FTo |
Diverses variantes sont alors possibles suivant que l’on compte les entreprises mixtes avec les s.t.s. ou avec les usines productives ou qu’on les répartisse entre les deux. Mais aucune de ces variantes ne complique la compréhension de l’ensemble.
Si le rapport entre producteur et produit est donné, l’organisation verticale et horizontale des usines n’est plus qu’une question technique parfaitement soluble qui économiquement ne présente aucune difficulté. La répartition, comme la production est une question sociale. Les « frais » de répartition sont intégrés dans le budget général des s.t.s., c’est-à-dire que les organismes de répartition sont des organismes d’entreprises du type s.t.s. qui effectuent leurs calcus d’après la for-mule (MP + mp) + FT.
A l’éternelle question de l’économie bourgeoise : par quoi le communisme remplace-t-il le marché ? puis-que celui-ci entre autres fonctions, joue le rôle d’indice des besoins sociaux, le communisme répond en créant des organismes de répartition et en faisant des organes capables de donner une expression collective aux désirs individuels. L’organisation des consommateurs en communautés qui sont en relation directe avec les organismes de production permet la complète mobilité d’adaptabilité de leur satisfaction des besoins.
La reproduction simple que nous avons examinée jusqu’ici n’est pourtant qu’une hypothèse méthodologique simplifiée qui ne correspond pas à la réalité. Le Progrès humain exige l’élargissement des forces productrices. Le procès de reproduction doit s’accomplir à une échelle élargie. Dans le capitalisme, ce procès est, en tant que procès d’accumulation du capital, la fonction individuelle des entreprises capitalistes. Dans la société communiste, c’est une fonction sociale. Une partie du produit social est employée à élargir l’appareil de production. Mais pour faire de la reproduction élargie une activité consciente, il est nécessaire de connaître le temps de travail social nécessaire à la reproduction simple. Le schéma de la reproduction simple est ( MP + mp ) + FY. Si l’appareil matériel de production doit être élargi de 10 %, il faut retirer de la consommation individuelle une masse de produits égale à dix pour cent de ( MP + mp( ). Dans l’accumulation accomplie, la production s’effectue d’après la formule 1,1 ( MP +mp ) + FT.
Nous avons déjà montré que le produit social est complètement absorbé par la société, si la consomation individuelle se déroule après la formule :
F.C.I. = | FT – ( mpo + FTo ) |
FT + FTo |
Maintenant la consommation individuelle doit être diminuée de 0,1 ( MP + mp ). Pour élargir la production de 10 % nous avons la formule :
F.C.I. = | FT – 0,1 ( MP + mp ) – ( MPo + mpo ) |
FT + FTo |
Cette formule générale ne remplace pas la solution concrète du problème dans la réalité, dans le cadre de ce travail nous devons pourtant nous en contenter et renvoyer encore à Marx :
« Si nous imaginons une société non plus capitaliste mais communiste, le capital argent disparaît immédiatement et aussi le masque des transactions qui s’opèrent sous son couvert. L’affaire se réduit simplement à ce que la société doit calculer à l’avance combien de travail, combien de moyens de production et de consommation elle peut employer sans dommage dans des branches d’activité qui, comme la construction d’une voie ferrée par exemple, pour une longue période, un an ou plus, ne livrent ni moyens de production, ni moyens de consommation, ni aucun objet d’utilité, mais retirent bel et bien de la production totale annuelle du travail, des moyens de production et des moyens de consommation. » (aa).
Tenons-nous en à cet exemple. Si la construction d’une voie ferrée s’avère nécessaire, sa construction appartient à la partie s.t.s. de la production sociale. Si elle demande trois années de travail d’une certaine quantité d’heures de travail chacune, on déduit le tout du f.c.i. pour compte du s.t.s..>/P>
Pour les échanges entre entreprises, l’argent-temps de travail est superflu. Quand une entreprise a livré sont produit fini, elle a ajouté MP + mp + FT heures de travail à la grande chaîne des travaux partiels de la société. Celles-ci doivent être retrouvées en même quantité aux entreprises sous forme d’autres produits finis. L’argent-travail ne vaut que pour la consommation individuelle. Avec l’intégration progressive de nouvelles entreprises dans la production s.t.s., la répartition par le truchement d’argent-travail va toujours en diminuant, et tend à disparaître. Etablir f.c.i. est la tâche de la comptabilité sociale. Au crédit de cette comptabilité sociale il y a FT, au débit : MPo, mpo et FTo, Marx dit
« La comptabilisation, en tant que contrôle et vue d’en-semble idéale du procès économique, sera d’autant plus nécessaire que le procès se développe de façon de plus en plus collective et perd son caractère purement individuel ; aussi est-elle plus nécessaire dans la production capitaliste que dans les entreprises artisanales ou rurales, plus nécessaire dans la production communautaire que dans la production capitaliste. » (bb).
Dans la société communiste, cette comptabilité est comptabilité et rien d’autre. Elle est le centre du procès économique et ne comporte pas de pouvoir sur les producteurs ou sur les entreprises individuelles. La comptabilité sociale n’est elle-même qu’une entreprise du type s.t.s. Ses fonctions sont : enregistrer la circulation des produits, déterminer f.c.i., émettre l’argent-travail, contrôler la production et la répartition. Le contrôle du procès de travail est purement technique et peut être assuré par chaque entreprise elle-même. Le contrôle exercé par la comptabilité sociale ne va pas plus loin que le calcul de ce qui entre et sort de chaque entreprise et la surveillance de sa productivité.
« Le contrôle de la production dans la société des producteurs libres et égaux n’est pas le fait de personnes ou d’instances gouvernementales, il est accompli par l’enregistrement public du procès de production, c’est-à-dire que la production est contrôlée par la reproduction. » (cc).
Nous avons déjà montré que la production d’après le temps de travail social moyen exige la cartellisation des entreprises de même spèce. MP 1, 2, 3, n, etc. les usines appartenant à un cartel de production, appelons leur total ; la production totale qui en résulte est :
Usine 1 | = (MP1 | + mp1) + FT1 = X1 kilogram produit |
Usine 2 | = (MP2 | + mp2) + FT2 = X2 kilogram produit |
Usine 3 | = (MP3 | + mp3) + FT3 = X3 kilogram produit |
Usine n | = (MPn | + mpn) + FTn = Xn kilogram produit |
Total = (MPt + mpt) + FTt = Xt kilogram produit |
Le temps de production social moyen par kilo de produit est alors :
( MPt + mpt ) + FTt
Xt kilogram produit
Le temps de production social moyen est l’unité de productivité et à partir des variations des usines individuelles par rapport au temps de production , social moyen en établit leur productivité et on a ainsi le moyen de les contrôler. On détermine en même temps la rationalité du processus de production. Le temps de production social moyen est le contrôleur de la communauté de production.
[Jusqu’au ici corrigé]
Les organismes d’entreprise présentent à l’entreprise leur budget de production pour la comptabilité sociale. A partir de l’ensemble des budgets de production on établit l’inventaire d’ensemble. Les produits arrivent aux usines sous une forme et en repartent sous une autre forme. Toute livraison de bien est enregistrée en virement dans la comptabilité sociale, ce qui permet d’avoir à chaque instant une vue d’ensemble du débit et du crédit d’entreprise. Tout ce qui est consommé par une usine, comme mp, mp, ou argent-travail apparaît au débit de l’usine, ce qu’elle a livré en produits à la société apparait au crédit. Les deux doivent coïncider dans un flux ininterrompu, ce qui montre si, et jusqu’à quel point, la production s’accomplit sans incident. Surplus et déficits des entreprises deviennent visibles et peuvent être solutionnés. Le procès de reproduction devient le contrôleur de la production.
Si une entreprise ne peut maintenir sa productivité, si celle-ci tombe, les autres entreprises du cartel ne peuvent alors compenser le déficit de la première, même si elles produisent au-dessus du temps de production social moyen. L’entreprise improductive ne peut se reproduire, la perturbation est visible et la société peut y remédier. Le contrôle des s.t.s. s’effectue en partie parallèlement à celui des entreprises productives, li s’établit à partir de la production matérielle, par l’enregistrement des livraisons de biens et le prélèvement d’argent-travail. Pourtant le produit des s.t.s. entre « gratuitement » dans la société, de sorte que la partie crédit manque dans leur comptabilité. Le contrôle de leur productivité ne sera vraisemblablement possible que par recherches comparatives.
Si en régime capitaliste, la catégorie temps de travail social moyen est déterminée par la « valeur » elle ne l’est dans la société communiste que comme travail produisant des biens. Si de plus en régime capitaliste, la productivité sociale doit être réglée par le marché ce qui occasionne un gaspillage énorme de forces productives, en régime communiste, la diminution du temps de production social moyen est une activité consciente et socialement ordonnée. Elle conduit à une baisse générale des temps de reproduction. Si par exemple, une entreprise a calculé ses moyens de production à 100.000 heures de travail, s’il est admis que ceux-ci auront une durée d’usage de 10 ans, il faut intégrer chaque année aux produits de cette usine 10 000 heures de travail. Si le temps de reproduction social moyen des moyens de production utilisés dans cette usine baisse, il peut alors se procurer pour sa reproduction des machines meilleures ou plus nombreuses, ce qui accroîtra sa productivité et signifie pratiquement un élargissement de l’appareil de production sans emploi de travail supplémentaire. Pour cette usine, le temps de production est changé. Comme le temps social moyen de reproduction est maintenu, il n’y a que le facteur productivité de cette entreprise qui change. Le temps social moyen de production du cartel reste le temps social moyen de reproduction, car les moyens de production eux aussi parcourent les usines d’une manière ininterrompue. Les temps sociaux de reproduction les plus bas, se fondent toujours avec le temps social moyen de reproduction dans le procès de production. Pour résumer, on peut dire :
« La base du temps social moyen de reproduction est l’heure de travail social moyen. Cette catégorie est également valable en régime capitaliste. Les différences individuelles ne s’expriment plus maintenant non plus dans les marchandises car sur le marché le produit est transformé en argent, c’est-à-dire en une marchandise universelle qui supprime toutes les différences individuelles. Dans la société communiste c’est le temps social moyen de reproduction qui contient en lui toutes les différences individuelles entre le travail lent et le travail routinier, entre les capacités plus ou moins grandes, entre le travail manuel et le travail intellectuel. Le temps social moyen de reproduction est ainsi quelque chose qui n’existe pas comme tel, comme quelque chose de particulier. De même que les lois de la nature font de phénomènes particuliers un cas général qui n’existe pas comme tel, l’heure de travail social moyen, qui n’a aucune existence concrète, incarne le cas général de multiples particularités du procès social d’assimilation. » (dd).
a. C’est la catégorie valeur d’usage qui constitue l’économie en général – la valeur d’échange donne seulement à l’économie une forme historique déterminée. Dans toute économie, il y a des biens, valeurs d’usage, la valeur d’échange ne vaut que pour ta société capitaliste. La catégorie « valeur » ne vaut que pour le domaine de l’être. Ici, le rapport d’échange des marchandises se règle d’après le temps de travail social moyen contenu en elles. Dans le domaine phénoménal, le rapport d’échange s’exprime sous forme de prix, de même que la plus-value intervient sous la forme phénoménale de profit et par l’action de la concurrence, comme profit moyen.
b. « Toute répartition des articles de consommation n’est que la conséquence de la répartition des conditions de production elles-mêmes. Mais cette dernière répartition est un caractère du mode de production lui-même. Par exemple, le mode de production capitaliste repose sur le fait que les conditions matérielles de production sont attribuées aux non-travailleurs sous forme de propriété du sol ou du capital, alors que la masse n’est propriétaire que de sa condition personnelle de production, c’est-à-dire la force de travail. Si les éléments de la production sont ainsi répartis la répartition actuelle des moyens de consommation suit d’elle-même » (K. Marx, Critique du programme social-démocrate 1875 – notes marginales).
c. Même si la Russie s’appelle u.r.s.s., les soviets n’ont plus aucune signification pratique. Ils sont désormais en Russie ce que la « démocratie » est dans les vieux états capitalistes : apparence et non pas réalité.
d. De ce point de vue, nous pouvons faire ici complète abstraction de la question fort débattue à propos de l’u.r.s.s., « de la possibilité du socialisme dans un seul pays ».
e. Si l’appareil d’état dispose des moyens de production et ainsi des produits, il a en même temps le pouvoir politique d’imposer ses décisions même contre la volonté de la société si nécessaire.
f. « […] L’échange local de marchandises était devenu un échange panrusse. Il fallait adapter l’industrie à cette force d’échange et le contenu de ces formes c’était la résurrection de l’économie d’argent, c’est-à-dire la complète négation des principes suivant lesquels nous avions dirigé l’industrie jusqu’à ce moment là (Introduction de la n.e.p.). Auparavant, nous avions fini par nier l’argent, maintenant, nous devons nous adapter à l’économie d’argent […] » (Smilga, Le procès de reconstruction, Moscou, 1927, p.&Nbep;53).
g. K. Kautsky, La révolution prolétarienne et son programme, Berlin, 1922, p. 321.
h. Ce n’est ni notre propos, ni notre devoir d’analyser ici les diverses théories de la planification ou de la socialisation, ou la pratique russe du « capitalisme d’État ». Nous n’avançons ici ces remarques insuffisantes sur nos thèses que pour nous séparer d’ores et déjà des thèses économiques considérées jusqu’à maintenant comme « socialistes ».
i. F. Bprkenau, Le passage du monde féodal au monde bourgeois, Paris : Félix Alcan, 1934. – p. 9-10.
j. C. Lechter, L’organisation économique dans la société socialiste, Vienne, 1923, p. 22-23.
k. « La société peut calculer simplement combien d’heures de travail sont contenues dans une machine à vapeur, dans un hectolitre de froment de la dernière récolte, etc. […] Il ne peut donc lui venir à l’idée d’exprimer les quantités de travail dépensées dans la production, quantités qu’elle connait d’une manière directe et quasi-absolue, de les exprimer encore dans une mesure seulement relative, fluctuante, insuffisante, inévitable auparavant en tant qu’expédient nécessaire, dans un troisième produit (l’argent) et non dans leur mesure naturelle adéquate, absolue, leur mesure de temps. […] Dans les conditions ci-dessus, la société n’assigne aucune valeur aux produits. Sans aucun doute, la société doit savoir combien de travail nécessite la production de chaque objet d’utilité ». F. Engels, Dühring bouleverse la science.
l. K. Marx, Le capital, Livre l, section 3.
m. K. Marx, Notes marginales, Internationaler Arbeiterverlag 1930.
m. Dans cette esquisse rapide, nous laissons de côté la question de l’insertion de l’économie agricole encore arriérée dans la production et dans ta répartition communistes. Malgré la certitude qu’il en est autrement, nous supposons ici que l’économie rurale s’incorpore sans résistence à l’économie communiste et qu’il n’en résulte aucun problème nouveau. Pour nous la socialisation de l’économie rurale c’est non seulement son industrialisation croissante, mais plus encore la spécialisation toujours croissante de sa production. La socialisation intégrale de l’économie rurale est en dernier ressort une question de pouvoir, qui présuppose la domination de la production industrielle par les producteurs. Si celle-ci est assurée, l’introduction de l’économie communiste dans l’agriculture l’est aussi.
o. C’est ainsi que Rudolf Hilferding, après avoir considéré les conséquences de la concentration capitaliste qui d’après lui englobe toute l’économie en un trust géant : « le cartel général » écrit : « toute la production capitaliste est dirigée consciemment par une instance qui détermine, pour toutes les sphères, la masse de la production – […] le cartel répartit le produit […] Sur la nouvelle production, une partie est distribuée aux ouvriers et aux intellectuels, le reste revient au cartel pour qu’il en fasse ce qu’il lui plait. C’est une société ordonnée consciemment sous une forme antagonique. Alais cet antagonisme est antagonisme dans la distribution. La distribution elle-même est ordonnée consciemment, de sorte que la nécessité de l’argent ne s’impose plus». Das Finanzkapital, Edition 1927, Vienne, p. 295.
q. « La doctrine de l’économie socialiste ne connait qu’un seul agent économique : la société qui, sans calculer profits ni pertes, sans circulation d’argent métallique ou d’argent-travail, organise la production sur la base d’un plan économique sans le rattacher à une unité comptable (!) et qui répartit les moyens d’existence d’après les principes socialistes ». Otto Neurath, Plan économique et comptabilité naturelle, p. 84.
r. K. Kautsky, La révolution prolétarienne et son programme, p. 318.
s. O. Leichter, La comptabilité dans la société socialiste, 1923. Bien qu’il se prononce pour la comptabilisation en temps de travail, O. Leichter, comme Kautsky, Neurath, Hilferding, croit justifiée qu’une instance centrale dispose de tous les produits. Sa comptabilisation en temps de travail vaut pour la seule production, elle n’a aucun rapport avec la répartition, car, chez lui, les plus hautes instances administratives calculent et distribuent la part de consommation individuelle sur la base de la physiologie nutritive.
t. Principes fondamentaux d’une production et d’une répartition communistes. Œuvre collective du Groupe des Communistes internationalistes (Hollande), Berlin : Neuer Arbeitverlag. Le peu de place dont nous disposons ici ne nous permet pas d’exposer le contenu cet important travail, ni de l’analyser de manière critique. Il entre seulement dans notre propos d’attirer l’attention sur le point de vue qui y est défendu et qui se distingue de tous ceux exprimés jusqu’ici par sa continuation conséquente des recherches de Marx sur la comptabilisation en temps de travail.
u. Cette répartition antagonique aura natureliement pour résultat une lutte pour de meilleures conditions de travail. Cependant, au début du communisme, il peut être nécessaire d’adapter la répartition à la diversité du travail. Quoi qu’il en soit, nous voulons seulement dire ici que, dans une telle situation, calculer en temps de travail ne présenterait aucune difficulté.
v. K. Marx, Notes marginales, p. 25.
w. K. Marx, Le capital, livre II. – Marx écrit encore à propos de « l’argent-travail » d’Owen : « c’est aussi peu de l’argent qu’un billet de théâtre. Le certificat de travail constate seulement la participation individuelle du producteur au travail commun et son droit individuel à une part de consommation déterminée du produit total ». (Le capital, livre I).
y. Principes fondamentaux d’une production et d’une répartition communistes, p. 66.
z. K. Marx, Notes marginales, p. 27.
aa. K. Marx, Le capital, livre II.
bb. K. Marx, Le capital, livre II.
cc. Principes fondamentaux d’une production et d’une répartition communistes, p. 99.
dd. Principes fondamentaux d’une production et d’une répartition communistes, p. 112.
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Compiled by Vico, 8 May 2020,latest additions 12 May 2020